La nouvelle gamme de processeurs mobile Ryzen 6000 d’AMD fait le plein de nouveautés pour séduire le marché de l’informatique mobile. A bord de cette nouvelle gamme de puces, on retrouve une nouvelle « architecture » de processeur, un nouveau circuit graphique et des fonctionnalités mises à jour pour correspondre aux exigences du moment.
Un processeur et un outil autant complexe que merveilleux, cette puce qui effectue les calculs au sein d’un ordinateur est baptisée APU chez AMD. Cela signifie que le processeur classique est secondé par un circuit graphique et que les deux fonctionnent ensemble pour proposer un éventail de possibilités assez vaste au sein d’un ordinateur.
La gamme Ryzen 6000 fait suite à de nombreux autres processeurs chez AMD, les précédentes Séries Ryzen ont déjà bouleversé un marché qui ronronnait sous les offres de l’éternel rival de la marque qu’est Intel. Avec cette nouvelle gamme, AMD veut enfoncer le clou et met pour cela tout son savoir faire dans la balance. AMD annonce que ses nouveaux Ryzen 6000 sont 1.3 fois plus rapides que les modèles précédents. Si la hausse de performances en terme de calcul n’est pas extravagante, c’est parce que le gain possible d’une génération à l’autre n’est pas forcément exponentiel, le changement d’architecture qui permet cette hausse se fait dans une contrainte assez lourde, celle d’une consommation contenue.
Cette hausse « légère » est donc à apprécier avec une idée en tête, elle est obtenue dans la même dépense énergétique que la précédente. Les Series 6000 annoncent également un autre bouleversement majeur, l’évolution de leur circuit graphique qui passe de solutions Vega à une construction RDNA2 autrement plus rapide. Sur ce poste, la performance est doublée. Ce qui veut dire que les excellents résultats graphiques des gammes Ryzen 5000 sont loin derrière ce que proposeront ces nouvelles puces. Une évolution majeure pour AMD qui va pouvoir proposer des solutions suffisantes pour la plupart des usages classiques d’un ordinateur portable aujourd’hui.
AMD va plus loin, conscient de l’avance technique prise par Intel sur d’autres postes annexes à celui du calcul brut, la marque se met à niveau et annonce une large évolution de son écosystème. Tout y passe en 2022 : la prise en charge de l’USB4 qui vient se positionner face au Thunderbolt d’Intel. La gestion du PCI Express Gen4 , la mise à niveau de la mémoire vive en LPDDR5 et DDR5. Mais aussi le Wifi qui bascule enfin sur une solution Wifi6E associée à un Bluetooth LR 5.2. Autant de postes que proposait Intel dès 2020 et qui faisaient parfois pencher la balance chez la concurrence par soucis d’homogénéité et de qualité de services plutôt que de puissance de calcul. D’autres éléments sont également pris en compte pour améliorer les conditions d’affichages, protocoles, codecs et fonctionnalités connectiques sont mis en avant par AMD pour affirmer l’évolution très marquée de cette nouvelle Serie 6000.
La gamme de nouvelles puces Ryzen 6000 est assez large. Ces processeurs d’architecture Rembrandt sont divisés en plusieurs catégories. Les séries H concernent les machines les plus évoluées, les portables à destination des joueurs et des utilisateurs de programmes créatifs.
Pas moins de 8 processeurs « H » sont annoncés et se détaillent en 3 segments. En haut du panier, les modèles HX. Ils représentent les solutions les plus musclées de l’offre d’AMD. Leur deux lettres HX signifient qu’on peut les overclocker, c’est à dire pousser leur fréquence de fonctionnement légèrement au dessus des préconisations de la marque pour tirer plus de performances. C’est ce qui explique leurs performances mais également leur consommation. Si ces puces sont prévues pour tourner à 45 watts de TDP,1 la marque indique qu’on pourra aller plus haut en jouant avec les performances demandées.
Les modèles « H » seront, quant à eux, limités à 45 watts de TDP tandis que les modèles « HS », destinés à des solutions plus compactes, proposeront un TDP de 35 watts. Les fréquences, nombre de coeurs de travail et threads évoluent en fonction des gammes Toutes ces puces embarqueront un circuit graphique RDNA2, de 6 à 8 coeurs et de 12 à 16 threads sur des fréquences allant de 4.5 à 5.0 GHz en Boost. On note des caches très élevés allant de 19 à 20 Mo et des coeurs GPU qui varient de 6 à 12.
Il va sans dire que le bouleversement majeur, ici, vient surtout du changement de gamme de circuit graphique avec un passage de VEGA à RDNA2. Ces noms de code désignent l’architecture technique employée par AMD pour designer les puces graphiques. RDNA2 étant largement plus récente et évoluée que VEGA.
Les Séries « U » sont moins puissantes mais également moins gourmandes en watts avec des TDP allant de 15 à 28 watts. Toutes ne sont pas au même niveau et les deux seuls processeurs à embarquer du Zen3+ sont également les seuls à proposer un circuit graphique mis à jour en RDNA2. Si, pour le moment, AMD n’a pas détaillé totalement les différences techniques entre les coeurs Zen3 et les Zen3+ il va sans dire que la mise à jour technique représentée par le plus apportera une optimisation notable. Mais le plus gros changement concernera la prise en charge du nouveau circuit graphique qui devrait apporter beaucoup plus de confort et de vitesse de traitement aux machines équipées.
Les circuit graphiques RDNA2 prendront en charge le Ray Tracing, utilisé pour le rendu 3D réaliste d’image, une fonctionnalité qu’AMD est le premier à intégrer dans un processeur APU. En proposant jusqu’à quatre « Compute Unite » – ou unité de calcul dédiées à l’affichage – que les précédentes génération, les Ryzen 6000 proposeront plus de performances. Les puces les plus puissantes additionneront jusqu’à 12 de ces coeurs graphiques à une fréquence élevée de 2.4 GHz. Pour gérer cette puissance, AMD a mis en place une plus grande bande passante et plus de mémoire cache.
Un point clé dans cette évolution vient de la finesse de gravure employée. En passant de 7 nanomètres à 6 nanomètres entre ces deux générations permet à AMD d’intégrer plus de fonctions dans le même espace au millimètre carré. On parle de densité de ces puces et la nouvelles gamme Ryzen 6000 est 18% plus dense que la version précédente gravée en 7 nanomètres. Une densité qui permet d’accroitre les traitements tout en conservant une même consommation électrique. Avec un autre avantage non négligeable, une réduction du cout de production de chaque puce et une augmentation de la production.
Le chemin parcouru par AMD sur ce segment grâce à son partenaire TSMC qui grave ses processeurs est impressionnant. On est passé des Ryzen 4000 gravés en 7 nm qui proposaient une densité de 156 mm² à la génération Ryzen 5000 qui montait à 180 mm². AMD compte désormais sur 208 mm² avec les Ryzen 6000. Une évolution qui permet de rattraper la génération Alder Lake-P d’Intel qui culmine à 217 mm².
C’est cette finesse de gravure qui permet d’ajouter plus de fonctionnalités, notamment de coeurs, au sein des puces. Mais ce n’est pas forcément ce qui permet a AMD de proposer plus d’économie d’énergie. Il est vraisemblable que ces évolutions soient plus liées à de nouvelles fonctionnalités de gestion, notamment de veille, intégrées dans la nouvelle architecture.
Le résultat de toutes ces innovations et optimisation est une augmentation de performances globale des processeurs. Les machines équipées de puces Ryzen 6000 devraient apporter plus de puissance à l’utilisateur en calcul pur mais également en gestion graphique 2D et 3D. Un exemple clair est la comparaison entre le Ryzen 7 5800U et le Ryzen 7 6800U ci dessus.
Ces résultats étant obtenus en optimisant la consommation d’énergie des machines. C’est un autre poste d’importance pour AMD, augmenter l’autonomie de ses machines. La marque promet jusqu’à 24 heures d’autonomie pour ses nouveaux processeurs. Un chiffre qu’il faut évidemment prendre avec tout le recul nécessaire puisqu’on ne sait pas comment il est calculé ni sur quelle machine ce calcul est fait.
AMD affirme que la gamme Ryzen 6000 affiche une consommation 30% inférieure en vidéo conférence par rapport aux Ryzen 5000. Une réduction de 15% en utilisant son navigateur pour surfer en ligne et de 40% en utilisant son processeur pour lire des vidéos en ligne. Tous ces usages étant accessoirement gérés plus rapidement par des puces plus performantes.
Sur certains postes le gain est beaucoup plus notable et c’est sans surprise les usages qui font le plus appel au processeur graphique. C’est là que l’on sent l’évolution plus que sensible apportée par un passage de circuits VEGA à RDNA2. Ainsi l’encodage vidéo, le rendu 3D et le jeu sont en moyenne entre 1.7 et 2.3 fois plus rapide d’une génération à l’autre. Ces éléments sont les dernières étapes d’importance à passer pour le monde mobile. Si les portables n’atteindront probablement jamais les performances des machines de bureau pour des raisons évidentes de compacité et d’autonomie, ces postes sont sans doute ceux où ils accusent le plus de retard.
Un ordinateur portable moderne peut, tout aussi bien qu’un ordinateur de bureau, assurer les tâches quotidiennes classiques que sont le surf, la bureautique ou autres traitements légers. Mais quand il s’agit de jeu ou de création, il existe souvent un vrai fossé entre ces machines. Cette évolution de performance ne vient pas le combler mais va permettre à des engins abordables et autonomes une meilleure prise en charge de ces postes. Il ne faut pas oublier qu’il s’agit ici d’un APU, c’set à dire d’un processeur classique agrémenté d’un circuit graphique qu’on a fait évoluer. Ce n’est pas un circuit graphique supplémentaire ajouté en plus du processeur de base. Les résultats annoncés sont à prendre en compte dans cette mesure.
Car l’offre permet, par exemple, une meilleure jouabilité sur de nombreux titres par rapport à des solutions concurrentes actuelles. AMD met en face de sa puce Ryzen 6800U, clairement pas la plus rapide du lot donc mais plutôt un modèle peu gourmand avec un TDP de 15 à 28 watts, les solutions Intel Core i7 11165G7 et le circuit secondaire Nvidia GeForce MX450. Deux concurrentes que la puce AMD semble laisser sur place dans de nombreux jeux. On n’a pas le détail précis des résultats obtenus, c’est à dire le nombre d’images par seconde que ces divers jeux peuvent atteindre mais cela devrait ouvrir la voie à de nombreux titres parfaitement jouables sur cette plateforme mobile.
Face à ses propres puces de génération précédente, les résultats sont également spectaculaires. On aurait aimé des chiffres plus précis sur ces graphiques pour savoir à quoi on peut s’attendre en réalité parce que passer de 10 à 20 images par seconde pour un jeu peut se traduire ici par un graphique spectaculaire sans avoir pour autant une réelle évolution de jouabilité. Mais pour avoir pu tester certains de ces titres sur des puces Ryzen 5000, il semble que les gains obtenus soient suffisamment significatifs pour autoriser une vraie jouabilité avec ces nouvelles puces.
AMD met en avant la capacité de son circuit RDNA2 à prendre en charge la technologie FidelityFX Super Resolution ou FSR. Il s’agit d’une solution de mise à l’échelle des images permettant de décharger le processeur graphique. Dans les grandes lignes, le processeur calcule une image de moins grande taille et l’adapte ensuite à une plus haute définition via une technologie d’Intelligence Artificielle. Ce calcul de base, beaucoup moins gourmand, permet d’augmenter considérablement le nombre d’images par seconde traitée par le processeur et donc le rythme des jeux. Cette technologie, employée par Nvidia et Intel sous d’autres noms, permet d’optimiser la vitesse d’affichage sans trop de compromis graphiques. Elle peut être très intéressante pour certains titres qui nécessitent une grande fluidité. C’est notamment le cas des jeux de combat et c’est pour cela que l’ensemble des titres présentés dans le schéma ci-dessus concerne ce type de jeu.
Ryzen 6000 débarque donc avec de belles avancées technologiques, une meilleure gestion de sa consommation et de nouveaux sommets de performances. Une évolution nécessaire et bien accueillie par les constructeurs qui devraient proposer de nombreuses machines équipées de ces puces toute au long de l’année.
Plus de 200 ordinateurs portables sous Ryzen sont dans les cartons des constructeurs pour cette seule année 2022 affirme AMD, même si ce chiffre est à prendre avec des pincettes puisqu’il concerne également les machines élaborées autour des Ryzen 5000, cela confirme la bonne image qu’ont désormais les fabricants de portables de ces puces. Il est loin le temps des quelques ordinateurs annoncés sous processeurs AMD. Les séries Ryzen ont rebattu les cartes et redonné une certaine vigueur au marché en titillant la concurrence. Son grand concurrent Intel a bien compris qu’il était temps d’innover à nouveau et engage une bataille technologique pour contrer les offres Ryzen.
Un état des lieux tout à l’avantage des consommateurs.
AMD Ryzen 6000, du silicium neuf pour machines mobiles © Technovanguard. 2021.